Le village des Trois Marabouts est créé en 1880 dans le département d’Oran et fait partie de la section de la commune mixte d’Aïn Témouchent. Il deviendra commune autonome en 1922.

 

Il est érigé sur un mamelon  volcanique de 205 mètres d’altitude. Au moment de sa création le nom de Sainte Hélène est proposé. La population étant partagée entre Catholiques et Protestants ce nom n'est pas retenu. Ainsi pour éviter toute polémique le nom de Trois Marabouts est retenu.

Le village tient son nom des trois mausolées ou sanctuaires Musulmans dit Marabouts ou Koubas, construits à la rentrée sud dans la pépinière dans le cimetière Ouled Sidi Ben Adda. Les trois mausolés avaient pour noms : Sidi Meftah – Sidi Rabah et Sidi Ben Adda.

 

Le   Marabout dans lequel est enterré Sidi Rabbah était le plus vénéré par les Arabes et aussi par des  Européens qui allaient se recueillir dans son tombeau. Les adeptes de Sidi Rabah (Sidi signifie Seigneur, Sage voire Saint Homme) espéraient par leur recueillement et leur prière  que Sidi Rabbah  accède à leurs vœux.

 

Le village (aujourd’hui Sidi Ben Adda) se situe à :

  •  4 km d’Aïn Témouchent (Sous Préfecture)
  • 72 Km d’Oran (chef lieu du département)
  • 200 km environ d’Oujda frontière Marocaine à l’ouest de l’Algérie·   
  • 8 km à vol d’oiseau et 12 km par la route de la mer Méditerranée il y a trois plages  sur la commune : celle de Oued El Hallouf la plage des Mouches et de Camérata ce sont les trois plages les plus fréquentées par les Trois Maraboutiens. La plage  d’Oued el Hallouf qui veut dire en arabe rivière du cochon tire son nom des sangliers (hallouf) qui venaient se rafraîchir dans l’oued Ghazer qui se jette à la mer. La plage la plus fréquentée est Oued el Hallouf dont le Hameau fait partie  de la commune des Trois Marabouts, la plage des Mouches comprenait une dizaine de construction (Cabanons) celle de Camérata était plus désertique avec très peu de constructions.

Aujourd’hui les trois plages ont changé de nom Oued El Hallouf en  Chatt El Hillel (la Lune) la plage des Mouches en Chatt el Ward (les Fleurs) Camérata en Sidi Djeloul. 

 

L’oued Sénan, rivière qui prend sa source à De Malherbe (Arlal) à 600 mètres d’altitude, traverse Aïn Témouchent  et coule tout autour du village des Trois Marabouts. Cette rivière est une vraie richesse car elle permet l’irrigation des cultures maraîchères, en particulier des jardins de Maximilien ORSERO; François (Paco) BELMONTE en devint le propriétaire en 1954, Manuel MUNOZ (Maria MONTES) et Luis LOPEZ; ces trois jardins se situaient au pont des Trois Marabouts puis  celui de Joseph MONTES au pied du Douar Cheffah, il devint la propriété de François (Paco) BELMONTE qui en plus des cultures maraîchères élevait des cochons .

 

L’oued Sénan rejoint Rio Salado après un parcours de 52km pour se jeter à la mer vers Turgot.

 

Trois Marabouts  est limitrophe avec les communes de Turgot, Laferrière, Rio Salado et Aïn Témouchent à l’est et de Guiard et Beni Saf à l’ouest.

 

Le peuplement des Trois Marabouts se fait avec des Français qui sont originaires du Languedoc, du Tarn, d’Alsace et des Alpes et avec des Espagnols et Marocains qui s’installent quelque temps après les Français.

 

Les Alpins venus de la vallée de Freissinière, plus précisément de Dormilhouse, étaient de religion Protestante,  soutenus par le Pasteur ELDIN mandataire du comité de Lyon. 13 familles s'installent aux Trois Marabouts et 22 à Guiard quelques famille de Guiard partirent pour Tenezera au sud de Sidi Bel Abbes.

 

En avril 1881, une délégation de huit familles (Vaudois des Alpes) vint reconnaître les huit concessions que le Pasteur Astier de Mostaganem leur avait fait obtenir aux Trois Marabouts. Ils découvraient l’Algérie. Parmi ces Vaudois, il y avait Felix BARIDON et Noé ORCIERE (grand père d’Huguette, Pierre, Maryse et Gérard Orcière).

 

Un comité Protestant présidé par le Pasteur REVEILLAUD  facilita l’immigration en 1880 de 12  autres familles de paysans venant de la vallée du Queyras, un Pasteur accompagnait ces familles.

 

Une quarantaine d’hectares furent mises à leur disposition sous certaines conditions.  

 

Les débuts furent extrêmement difficiles, il fallut procéder à d’énormes travaux de défrichage entre autres  des palmiers nains, jujubiers sauvages et d’autres végétations qui envahissaient les terres et les rendaient incultes.

 

Ces Paysans, pourtant habitués à la rudesse de leur vallée, souffrirent terriblement. La présence du Pasteur leur apportait l’aide et le soutien dont ils avaient besoin. Certains se découragèrent mais d’autres tinrent bon.

 

Plus tard, une vingtaine de paysans du Tarn et Garonne vinrent grossir le groupe.

 

Evolution de la population :

  • 1891 soit onze ans après l’arrivée des premiers « colons » il y avait  295 Européens.
  • En 1906 ils étaient  474 Européens pour 111 familles
  • En 1958 la commune comptait 5108 Habitants. La population Européenne était partagée, pratiquement, par moitié de Protestants et de Catholiques. Il y avait au village  un Pasteur et un Prêtre. L’autre  obédience Musulmane représentait plus de quatre fois  la population Européenne.  

 

Ces trois religions  cohabitaient dans une totale et parfaite harmonie.

 

Début  1907, le Pasteur Pierre PIGUET s’installe au village. Le Temple fut très rapidement construit.

 

 Les rues sont goudronnées puis, au fur et à mesure, des édifices sont construits pour les principaux :

  •  L’ancienne et la nouvelle poste,
  •  la mairie,
  •  les écoles,
  •  le Monument aux Morts,  
  •  le boulodrome,
  •  le foyer Rural
  •  aménagement de la place du village ainsi que du boulevard et des rues
  •  construction du Temple
  •  construction de l'Eglise Notre Dame de Grace  en 1900      
  •  adduction d’eau
  •  aménagement du cimetière      

  

Le Douar Cheffah, village arabe, faisait partie de la commune  il en était de même pour le petit hameau de la plage de Oued El Hallouf

 

Les Maires du village :

  • Paul RYCKWAERT Ajoint spécial au cours de la période de la commune mixte
  • François CAMFRANCQ qui fut démis de ses fonctions à la libération. 
  • M. SALIVAS (grand-père de Serge Roumégous) fut désigné par le Préfet à la tête d'une délégation spéciale, qu'il présida jusqu'en 1946, en remplacement de François CAMFRANCQ .
  • Gabriel NOUEN fut élu à deux reprises (1946-1962), il a été le dernier Maire en excercice.

Les Pasteurs PIGUET et MILAN ont  veillé, successivement, sur  les âmes des Protestants du village. L’Abbé SFRIZZO (curé Italien) fut l’un des derniers curés du village

 

Ce fut le Pasteur Piguet qui créa la colonie de vacances des Petits Perdreaux à Tlemcen. Le camps des Petits Perdreaux se sitait à 800m d'altitude sur le plateau de LALA SETI qui domine la très belle ville de TLEMCEN. De nombreux jeunes de toute obédience ont bénéficié de cette colonie

 

Le village était, sans conteste, un des plus beaux de la région (pour les Trois Maraboutiens c’était le plus beau).

 

La plage d’Oued El Hallouf était le lieu de détente estival principal des Trois Maraboutiens. La famille LOCILLA et Bastide  tenaient, chacune, un bar restaurant épicerie. Gus LOCILLA était toujours disponible pour ses clients qui étaient en fait plus copains que clients. Les caldéros  étaient succulents, les grillades embaumaient la plage.  C’était un vrai havre de paix et d’immense plaisir, les parties de boules, la baignade et la kémia chez Gus, étaient un vrai bonheur.

 

La plage de Mouches était plus intime quant à celle  de Camérata elle était très nettement plus sauvage.

 

Dans ce village régnait jusque vers la fin des années 50 l’harmonie, la paix et la sérénité. C’était un village très solidaire où il faisait bon vivre.

 

En 1956  un terrible attentat vint rompre cette sérénité. Au centre du village, une grenade fut lancée sur le boulevard, noir de monde, à proximité des 2 bars du village et du stand de brochettes tenu par Madame Irénée (Mme RAYMOND). Cet attentat créa la panique et l’angoisse dans toutes les familles. L’incompréhension et la colère s’installèrent.

 

A partir de cette date tout se dérégla jusqu’à l’exode massive de 1962. Cet exode qui fut pour tous ceux qui avaient participé à cette magnifique aventure une terrible déchirure, un certain nombre ne s’en remettra   jamais.

 

Merci à tous ceux qui ont apporté des informations.

 

Ce texte ne demande qu’à s’enrichir.

 

Un grand merci à Joseph MARTINEZ qui est la mémoire de notre village et qui a apporté une montagne d’informations et d’anecdotes qui vont au fur et à mesure alimenter notre site de l’Amicale.

 

Il serait intéressant de connaître un maximum de noms des paysans qui ont participé à la création du village.

 

La décision de la création du village des Trois Marabouts fut prise par l’acte administratif suivant :

 

 

 

 

 

 

Merci à Joseph MARTINEZ qui a fourni la plus grande partie des informations sur le village.

 

Des anecdotes et des photos seront les bienvenues