La Fête du Village

 

Chaque année, le village organise sa fête qui se déroule sur 3 jours après le 15 août et avant les vendanges.

 

Tout d’abord un comité des fêtes est désigné sous l’autorité d’une personnalité de la commune. Il sera chargé de définir un thème pour construire les décors qui orneront la place de la Mairie. Ensuite  il faudra choisir un orchestre de notoriété nationale si possible pour animer les bals populaires, et établir le programme complet sur les 3 jours. Ces activités nécessitent un budget et pour le financer la population est sollicitée sous forme de quête.

 

Les réjouissances débutent le samedi soir avec la retraite aux flambeaux, les enfants et les jeunes défilent le long du boulevard en brandissant un flambeau au bout d’une perche. Les forains ouvrent leurs stands : balançoires en forme de barque, chaises volantes, chenille, loteries avec des lots divers et particulièrement de la vaisselle, tir à la carabine, etc.…. Le bal débute vers 21 heures et se poursuit jusqu’à 3 ou 4 heures du matin. Le village baigne dans la joie et la bonne humeur.

 

Le dimanche est bien rempli avec de nombreuses animations. Le matin, concours de belote, tournois de ping-pong, de boules, tir au pigeons d’argile….. Les vainqueurs sont récompensés  par des primes. La matinée se termine par l’apéritif en musique animée par quelques musiciens de l’orchestre.

 

L’après midi divers jeux se déroulent : courses aux sacs, mât de cocagne pour les enfants, course cycliste sur le circuit des caroubiers,   départ devant les bars, traversée du boulevard direction la croix de mission, virage à gauche sous les caroubiers  puis encore à gauche vers la pépinière, direction la poste et retour sur le boulevard. Les coureurs parcourent plusieurs fois le circuit. Les meilleurs coureurs de la région participent à cette compétition qui attire de nombreux spectateurs. En fin d’après-midi, nous assistons à la course à l’oie. Des canards, rarement des oies, sont tués puis on leur introduit dans le cou un fil de fer plus ou moins gros.  Un volatile ainsi préparé est suspendu par les pattes à un filin tendu entre deux poteaux situés de chaque côté  de la chaussée entre les deux bars à deux mètres cinquante de hauteur. Les participants à cette épreuve doivent faire preuve de force et de précision. Ils devront sectionner le cou du canard avec un sabre, perchés sur le plateau arrière d’une camionnette qui démarre au carrefour Pélissier/Rycwaert et se dirige vers l’autre extrémité du boulevard. En passant sous le « pendu », le gladiateur tranchera  le cou d’un violent coup de sabre. S’il réussit sous les applaudissements de la foule il emporte la volaille, s’il échoue il aura facilité la besogne de son successeur. Après cette épreuve débute la matinée dansante appréciée par les très jeunes gens et les enfants.

 

Vers 22 heures s’ouvre le grand bal du dimanche soir. Les familles prennent place sur leurs chaises autour de la piste de danse. Les premiers couples s’élancent au son endiablé d’un paso doble. Chaque cavalier se présente devant la belle de son choix pour l’inviter à danser. Les parents surveillent la tenue de leurs filles. Des concours de danse sont organisés et nous admirons la grâce et l’agilité des couples quadragénaires pour la valse et le tango et des plus jeunes pour le rythme syncopé du swing. La soirée se termine tard dans la joie et la bonne humeur. La jeunesse savait s’amuser sans s’égarer dans une orgie d’alcool comme au cours des fêtes actuelles.

 

Le lundi les festivités se poursuivent, réservées aux locaux contrairement aux deux jours précédents où affluent des participants de toute la région. Un classement s’établit en coulisse pour désigner la plus belle fête. Trois Marabouts a gardé longtemps un palmarès élogieux.

 

La dernière fête eut lieu en août 1954, quelques années avant le village accueillit Philippe CLAY qui débutait sa carrière. Le comité des fêtes par l’intermédiaire de l’Agence chargée du recrutement des artistes et des musiciens avait initialement sollicité un autre humoriste qui se désista et l’Agence proposa Philippe CLAY pour le remplacer. Notre village n’ayant pas d’hôtel, le Maire, Gabriel NOUEN, demanda à André BERNARD et Landry CHAPUIS d’accueillir et de loger la vedette pendant les trois jours, ils acceptèrent avec l’enthousiasme de leur jeunesse. Je me souviens aussi de la présence de l’orchestre de Ramon MENDIZABAL, le plus célèbre spécialiste du tango et virtuose du bandonéon.

 

Marcel ESQUERDO